Nous compilons pour vous quelques publications, toutes en libre accès, sur le thème que nous avons choisi en rapport avec l’actualité dentaire du mois. Ce mois-ci, en lien avec la Journée européenne de la santé gingivale du 12 mai, nous souhaitions mettre en avant les publications sur l’impact de la santé gingivale sur la santé générale.

 

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Une revue publiée l’an dernier a porté sur l’association entre la maladie parodontale et le diabète de type 2, qui a été largement étudiée ces dernières années. Il est connu que le diabète de type 2 augmente la prévalence, l’importance et la sévérité de la maladie parodontale. Inversement, la parodontite impacte négativement le contrôle glycémique et l’évolution du diabète. Il a été mis en évidence par plusieurs études une diminution moyenne de l’HbA1c de 0,4 % de patients diabétiques à la suite d’un traitement non chirurgical de la parodontite. Trois mois après un détartrage, les patients diabétiques présentaient une diminution moyenne de leur HbA1c de 0,3 %. La maladie parodontale pourrait initier ou aggraver une résistance à l’insuline, impactant ainsi le contrôle glycémique.

 

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Une équipe française s’est intéressée à la parodontite et au risque de maladies cardiovasculaires. Les études épidémiologiques confirment une association indépendante entre parodontite et athérosclérose. A l’heure actuelle, aucun lien de causalité ni de corrélation n’a été prouvé entre les deux pathologies. Des facteurs de risque communs, tels que le tabagisme, l’obésité et le diabète, pourraient conduire à la fois à la parodontite et aux maladies cardio-vasculaires. L’inflammation systémique de bas grade et les bactériémies chroniques causées par les parodontites semblent jouer un rôle dans le développement de l’athérosclérose et des maladies cardiovasculaires associées.

Les études ont montré que le traitement parodontal, notamment non chirurgical, pourrait améliorer certains paramètres cardiovasculaires : la fonction endothéliale, la pression artérielle et l'épaississement de l'intima-média carotidienne, mais aussi les marqueurs sériques de l'inflammation de bas grade. Ces améliorations sont particulièrement marquées chez les patients présentant des comorbidités comme le diabète ou des antécédents de maladie cardiovasculaire.

En conclusion, il est essentiel de surveiller l’apparition de la parodontite chez les patients et de mettre en place un suivi régulier et spécifique en cas de parodontite en prévention des maladies cardiovasculaires, en particulier chez les patients à haut risque cardiovasculaire.

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Cette revue, publiée cette année, a analysé l’association de la maladie parodontale aux risques de naissance prématurée et de prééclampsie.

De nombreuses études ont montré une corrélation entre la maladie parodontale, la prématurité et le faible poids de naissance. Il a par exemple été démontré que la maladie parodontale chez les femmes enceintes était associée à un risque accru de naissance prématurée, avec une corrélation positive entre la gravité de la maladie et le risque d'accouchement prématuré. Une étude au Rwanda a montré que la parodontite augmentait significativement les risques de naissance prématurée, en multipliant par six le risque par rapport aux femmes sans parodontite.

La maladie parodontale peut augmenter le risque de naissance prématurée en raison du potentiel passage des bactéries responsables de la maladie parodontale dans la circulation sanguine, induisant une réponse inflammatoire systémique qui peut affecter le fœtus et déclencher un accouchement prématuré.

En ce qui concerne la prééclampsie, la littérature suggère également une corrélation entre la maladie parodontale et un risque accru de cette complication de la grossesse. En effet, une méta-analyse a trouvé que la maladie parodontale augmentait le risque de prééclampsie de 117 %. D’autre part, dans une autre méta-analyse, il a été mis en évidence que les femmes atteintes de prééclampsie présentaient une santé parodontale moins bonne que les femmes non atteintes de prééclampsie, avec une perte d'attache importante associée à une incidence accrue de prééclampsie.

La parodontite augmenterait le niveau d’inflammation systémique, et ainsi le taux de CRP, ce qui augmenterait l’inflammation dans l'unité fœto-placentaire et favoriserait la survenue d'une prééclampsie.

Bien que des associations aient été observées, une relation causale directe entre la maladie parodontale et ces complications de la grossesse n'a pas été définitivement établie. Des études supplémentaires sont nécessaires pour clarifier cette relation et déterminer l'efficacité des traitements parodontaux dans la prévention de la naissance prématurée et de la prééclampsie.

 

 

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Cette revue systématique et méta-analyse de 2022 a étudié la potentielle influence d’une parodontite sur la prévalence des maladies respiratoires, telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), l’asthme, la pneumonie aiguë communautaire (PAC), l’apnée obstructive du sommeil et la COVID-19, ainsi que l’impact d’un traitement parodontal sur l’apparition ou la progression de ces pathologies respiratoires. Deux hypothèses ont été proposées pour expliquer ces associations :

  • la micro-aspiration des pathogènes buccaux vers les voies respiratoires inférieures,
  • l'effet systémique des médiateurs pro-inflammatoires produits dans les tissus parodontaux, qui peuvent gagner le système respiratoire, et favoriser l'apparition et/ou la progression d'autres affections inflammatoires.

La parodontite semble influencer l’apparition et/ou la progression de la BPCO, de la pneumonie aiguë communautaire et de la COVID-19. En ce qui ce qui concerne l’apnée obstructive du sommeil et l'asthme, les parodontites pourraient avoir un impact sur leur physiopathologie en exacerbant le statut inflammatoire de ces patients. Inversement, il a été émis l'hypothèse que l’apnée obstructive du sommeil et l'asthme favoriseraient le développement de certaines maladies bucco-dentaires, comme les maladies parodontales et les caries, en raison de l'impact de la respiration buccale sur la composition du microbiome oral, de l'utilisation de certains médicaments et dispositifs médicaux oraux, et de l’impact de l'inflammation systémique dérivée de ces maladies dans les tissus parodontaux.

Cette revue a révélé une corrélation positive entre la parodontite et la BPCO, l'apnée obstructive du sommeil et les complications de la COVID-19, mais pas avec l'asthme. Les études suggèrent que le traitement parodontal pourrait réduire les exacerbations de la BPCO, améliorer la fonction pulmonaire et diminuer les hospitalisations liées à l'asthme. De plus, il semble réduire le risque de pneumonie aiguë communautaire. Cependant, la variabilité des définitions de la parodontite et des pathologies respiratoires, ainsi que le peu d'études interventionnelles, limitent la compréhension de ces associations. Les recherches doivent être poursuivies pour confirmer ces résultats.